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Tiraillement dans le 1er corps d'armée commandé par le maréchal Davout en 1811.


En octobre 1811, le 1er corps d'armée sous les ordres du maréchal Davout se composait des régiments d'infanterie suivants:

Il semble que le général de division Charles Antoine Louis Alexis Morand est l'auteur d'une instruction, qui en octobre 1811 servait de base pour l'entraînement de tous les tirailleurs de ce corps d'armée. Le maréchal Davout écrivit:

Au général Morand. Hambourg, le 16 octobre 1811.

J'ai reçu, mon cher Général, votre lettre du 16 et les 5 expéditions de votre projet pour apprendre à toutes les troupes le service des tirailleurs, il m'a paru parfaitement remplir cet objet et je les adresse à tous les généraux commandants les divisions d'infanterie, avec invitation de profiter du reste de la saison pour y faire exercer toutes les compagnies; en vous remerciant, mon cher Général, je vous prie d'addresser une expédition de ce projet, dont vous aurez certainement conservé une minute, à vos généraux, et colonels, en leur prescrivant de s'y conformer et d'y exercer de suite les troupes.

Les compagnies de voltigeurs devant avoir déjà connaissance des manœuvres, il sera bon d'exercer les premières fois avec elles les compagnies du centre; c'est à dire une de chaque, en mêlant les fusiliers avec les voltigeurs.

Je vous serai obligé de me faire connaître les mesures que vous aurez prises, et les progrès des troupes dans ces exercices, qui ne peuvent que développer l'intelligence des soldats et même des officiers, en les faisant faire sur différents terreins.

Le même jour, l'instruction suivante fut envoyée aux autres généraux commandants des divisions du 1er corps d'armée:

Aux généraux: Friant, Gudin, Dessaix, Compans et Barbanègre.
Hambourg, le 16 octobre 1811.

On a reconnu généralement qu'il était nuisible de prendre un certain nombre d'hommes par compagnie, pour flanqueurs et tirailleurs, et qu'il était préférable de prendre des compagnies entières.

Les compagnies des voltigeurs qui sont des compagnies d'élite, ne peuvent sans souvent de graves inconvénients faire ce service, il m'a donc paru convenable que les compagnies qui peuvent être dans le cas de faire ce service, y soient éxercées.

Comme il est important pour mettre de l'uniformité, qu'il y ait des bâses d'adoptées, je vous adresse, mon cher Général, un résumé de manœuvres, aux quelles je vous invite à faire exercer les régiments sous vos ordres, soit d'infanterie légère ou d'infanterie de ligne. Je désire que l'on profite de la saison actuelle pour y faire exercer les troupes.

Faites faire de suite une expédition de cette instruction pour chacun des colonels des régiments sous vos ordres et pour chacun général de brigade; recommandez du reste qu'il n'en soit pas fait plus de copies.

Les compagnies des voltigeurs devant avoir déjà des connaissances de ces manœuvres, il sera bon d'exercer pour la première fois les compagnies du centre avec les compagnies de voltigeurs, c'est à dire une de chaque, en mêlant les fusiliers avec les voltigeurs.

Je vous serai obligé de me faire connaître les mesures que vous aurez prises, et les progrès des troupes dans ces exercices qui ne peuvent que développer l'intelligence des soldats et mêmes des officiers, en les faisant sur différents terreins.

(Au général Dessaix) Il sera inutile, mon cher Général, que vous envoyez copie de cette instruction au 33e léger, attendu que j'en envoie copie au général Barbanègre, pour qu'il lui en remette une expédition.

Manœuvres pour une compagnie de Tirailleurs ou de Flanqueurs.

La compagnie désignée pour éclairer une colonne ou couvrir une ligne, se portera aussitôt que son capitaine en aura reçu l'ordre, à 200 pas [130 m] de la ligne ou de la colonne; arrivée au centre de l'espace qu'elle doit couvrir ou éclairer, le capitaine l'arrêtera et formera la ligne des tirailleurs de la manière suivante.

Article 1er.
Couvrir la tête d'une colonne ou le front d'une ligne.

Le capitaine de la compagnie des tirailleurs, ayant fait halte au point où la section de réserve doit demeurer, divisera sa compagnie en 3 sections et commandera:

Sections de droite et de gauche, par le flanc droit et le flanc gauche, à 100 pas [65 m] sur la droite et la gauche – marche.

A ce commandement, les lieutenants se mettront en marche avec leurs sections. Le sergent major, deux sergents, deux caporaux, deux tambours ou cornets, (s'il y en a 4 dans la compagnie) demeureront avec le capitaine à la section du centre.

Les lieutenants arrivés à 100 pas [65 m] sur les points de droite et de gauche où ils doivent s'arrêter, feront faire halte à leurs sections et commanderont, savoir:

Le lieutenant, chef de la section de droite.

1o  Premier et second rangs par le flanc gauche – gauche.
2o  à 15 pas [9,75 m] par file, prenez vos distances – marche.

Le sous-lieutenant, chef de la section de gauche.

1o  Premier et second rangs par le flanc droit – droite.
2o  à 15 pas [9,75 m] par file, prenez vos distances – marche.

A ce commandement, les files des deux premiers rangs des séctions de droite et de gauche prennent leurs distances à 15 pas [9,75 m] et marchent jusqu'à ce qu'elles se rencontrent.

Le 3e rang, le sergent, les caporaux, un tambour ou cornet, demeureront en réserve avec l'officier.

Remarque.

Ces réserves doivent fournir des remplacements à la ligne, des renforts aux points attaqués fortement, et aux officiers des escortes qui ne doivent jamais les quitter: ces escortes destinées à servir de points de ralliement et de retraite, devront être de 6 hommes, au moins.

Si un sous-officier est détaché pour porter des ordres aux tirailleurs, il devra toujours être accompagné d'un fusilier tiré des réserves.

Les distances étant prises, les lieutenants feront battre le pas ordinaire ou sonner la marche.

A ce signal, les files de tirailleurs se portent à 100 pas [65 m] en avant.

Remarque.

Les tirailleurs doivent toujours marcher deux ensemble afin de se secourir mutuellement. Ils ne doivent faire feu que l'un après l'autre, de manière que l'un des deux demeure toujours chargé.

Autant que possible, la ligne des tirailleurs couvrant la tête d'une colonne, devra décrir une portion de cercle dont la tête de la colonne serait le centre.

Article 2.
Couvrir la queue d'une colonne ou la retraite d'une ligne.

Mêmes dispositions qu'à l'article premier.

Remarques.

Dans la retraite d'une ligne, le cordon des tirailleurs devra se maintenir parallèle à la ligne.

Le capitaine d'une compagnie de tirailleurs ne doit jamais perdre de vue la colonne ou la ligne: dans le cas où le terrein l'empêcherait de l'appercevoir, il placera des sous-officiers ou soldats, de manière à le tenir averti de tous ses mouvements.

Le pas des tirailleurs se règle sur celui de la colonne ou de la ligne.

Article 3.
Couvrir un seul flanc de la colonne.

Mêmes dispositions qu'à l'article 1er.

Remarque.

Le cordon des tirailleurs étant établi, marchera par le flanc ainsi que les réserves en suivant la direction de la colonne.

Article 4.
Couvrir avec une seule compagnie les deux flancs de la colonne.

La capitaine divisera la compagnie en deux section et commandera:

1o  Première section, en avant sur le flanc droit de la colonne – marche.
2o  Deuxième section, en avant sur le flanc gauche de la colonne – marche.

A ce commandement, le sous-lieutenant se portera avec la 1ère section sur le flanc droit de la colonne à 100 pas [65 m] environ.

Le lieutenant avec la 2e section, à la même distance sur le flanc gauche.

Le capitaine suivra la mouvement de l'une des deux sections, accompagné de son sergent-major, d'un sergent, deux caporaux, dix fusiliers et d'un ou deux tambours ou cornets.

Les sections arrivées à 100 pas [65 m] de la colonne, seront arrétées et formées en ligne de tirailleurs de la manière prescrite à l'article 1er.

Remarque.

Les flancs de la colonne étant ainsi couverts, le capitaine se portera avec son escorte sur les points les plus menacés, d'où il enverra ses ordres à ses lieutenants, soit par un sergent de son escorte, soit par le moyen des batteries ou sonneries.

Article 5.
Changements de direction.

Aussitôt que les officiers de tirailleurs appercevront un changement de direction de la colonne ou de la ligne, ils en préviendront les tirailleurs par le moyen des sonneries ou batteries, et en envoyant des sous-officiers pour porter leurs ordres et s'assurer que le mouvement s'éxécute, ils devront se porter au point sur lequel le changement de direction s'opérera.

Article 6.
Changements de front.

L'un des lieutenants se portera au pivot sur lequel se fera le changement de front, et fera sonner ou battre jusqu'à ce qu'il voye que le mouvement des tirailleurs s'opère ainsi qu'il est prescrit.

Tandis que le capitaine qui se sera porté avec sa réserve à la nouvelle place qu'elle devra occuper, s'assurera par ses sous-officiers de l'éxactitude et de la régularité du mouvement, l'autre lieutenant soutiendra avec son escorte l'aile qui se portera en avant.

Article 7.
Marche.

Non seulement les tirailleurs devront être éxercés au pas ordinaire et au pas accéléré; mais ils devront encore l'être au pas de course, car c'est à la course qu'ils devront faire les changements de direction, de front, et la charge pour enlever un bois, un village, et toutes les positions où ils n'ont pas à craindre d'être chargés par la cavalerie.

C'est aussi à la course qu'ils devront se replier sur les pelotons de réserve, lorsque la cavalerie se présentera pour les charger, à moins qu'ils ne puissent se cacher dans un trou, un fossé, une haye d'où ils pourront tirer sur elle avec sécurité.

Dans les plaines, les tirailleurs devront marcher dans le plus grand ordre avec calme, sang froid et silence; ménager leurs feux et se tenir prêts à éxécuter tous les mouvements qui leur seront ordonnés.

Quand on place des tirailleurs sur les flancs en tête ou en queue d'une colonne marchant dans une plaine découverte, on a pour motif non seulement d'être averti des mouvements de l'ennemi; mais encore de tenir les tirailleurs d'infanterie et de cavalerie assez éloignés pour que leurs bases n'arrivent pas à la colonne.

Si la plaine à travers laquelle la colonne s'avance est sillonnée de ravins et présente de petites collines ou des bouquets de bois, les tirailleurs devront entrer dans les ravins les fouiller, gravir les sommets des mamélons, tourner et fouiller les bouquets de bois.

Si l'on rencontre une maison, un château, une chaumière, le capitaine enverra une escorte suffisante pour les fouiller, et s'il y a lieu de penser que l'ennemi s'y trouve, il fera prévenir sur le champ le commandant de la colonne, resserrera sa ligne, et prendra toutes les précautions nécessaires pour n'être pas surpris ni accablé par une attaque brusque.

Si les tirailleurs doivent traverser un village, le capitaine marchera en dehors avec sa réserve et prendra un poste avantageux jusqu'a ce que les tirailleurs aient fouillé le village dont il fera occuper les avenues principales par ses lieutenants et leurs escortes afin que les tirailleurs puissent se retirer sur eux en cas de besoin.

Si les tirailleurs marchent dans les bois ou dans un terrein coupé de fossés, couvert de haies, de ruines, etc. il ne devront s'avancer qu'avec les plus grandes précautions, s'embusquer s'ils rencontrent l'ennemi et profiter de tous les accidents qui se présentent pour prendre sur lui la supériorité et le forcer à leur abandonner le terrein.

Si l'ennemi s'est embusqué, il faut le tourner, quelques braves en s'élançant sur le sommet d'un rocher, d'une ruine ou d'un retranchement, ou en franchissant un fossé derrière lequel l'ennemi, se croyait en sûreté, ont presque toujours réussi à le débusquer et à lui faire éprouver une perte considérable.

En s'avançant, les officiers de tirailleurs doivent porter leur attention, non seulement sur les mouvements de l'ennemi et de leurs troupes, mais encore observer avec soin les formes du terrein dont ils peuvent tirer parti dans le cas d'un combat de pied ferme ou d'une retraite, et remarquer les ressources qui s'offrent, soit pour jetter de petits ponts, soit pour se retrancher à la hâte, s'il en était besoin.

Article 8.
Manœuvres de tirailleurs pour l'attaque d'un village ou d'un retranchement.

On suppose une ligne de tirailleurs soutenue par ses réserves et dans l'ordre qui à été décrit plus haut, s'avançant de front à l'attaque d'un village, d'un retranchement, d'une ferme, d'un bois, d'un mamelon etc.

Il est probable que l'ennemi attaqué sur toute l'étendue de son front, se déploiera autant que possible pour offrir partout une résistance égale; mais si le commandant des attaquants s'est fait deux bonnes réserves et s'il donne le signal à ses tirailleurs de s'élancer à la course vers les deux extrêmités de la ligne, pour attaquer avec impétuosité les flancs et les derrières de l'ennemi, tandis qu'il lançera une réserve sur le front que l'ennemi aura naturellement dégarni, pour envoyer au secours de ses flancs attaqués; il n'y a point de doute qu'il obtiendra un succès complet. La deuxieme réserve, ne devra marcher qu'au pas, et ne s'engager qu'autant qu'il serait nécessaire pour soutenir la première aux prises avec l'ennemi.

La même attaque peut s'éxécuter par des réserves sur les flancs de l'ennemi pendant que les tirailleurs, après s'être réunis à la course sur le centre, attaqueront vivement le front de l'ennemi.

Remarque.

On ne saurait trop exercer les tirailleurs à se porter à la course du centre de la ligne aux extrêmités, et des extrêmités au centre.

Cette manœuvre peut procurer de grands avantages dans une foule de circonstances; elle doit être étudiée avec soin par les officiers.

Article 9.
Formations contre la cavalerie.

Les réserves de tirailleurs doivent toujours marcher avec le plus grand soin et se tenir prêtes à se former en cercle.

Si la réserve étant en ligne, la cavalerie se présente brusquement, l'officier commandera:

1o  En arrière à droite et à gauche, formez le cercle – marche.

A ce commandement, les ailes de droite et de gauche marcheront en arrière jusqu'à ce qu'elles se rencontrent.

Si la réserve est en colonne, l'officier commandera:

2o  Serrez la colonne – marche.

A ce commandement, les sections serreront en masse, les files de droite et de gauche feront face é l'ennemi. Les tirailleurs de la ligne qui rentreront, seront placés sur les angles de la colonne.

Article 10.
Passage des lignes ou remplacement des tirailleurs.

Si le capitaine juge à propos de remplacer la section qui forme la ligne des tirailleurs par celle qui forme la réserve, il enverra successivement de sa réserve des hommes qui iront prendre la place des tirailleurs et ralliera à lui ceux qui auraient été remplacés.

Les lieutenants veilleront à ce que ces remplacements se fassent avec ordre, précaution et intelligence.

Remarque.

Les officiers et sous officiers qui commandent les petites réserves ou escortes, devront veiller avec soin à ce que la ligne des tirailleurs marche dans le plus grand ordre, et dans la direction ordonnée; ils doivent éxciter l'élan dans les charges et les marches précipitées, soutenir le pas et le ralentir autant qu'ils le jugent utile dans la retraite, arrêter la ligne quand ils en reçoivent l'ordre, empêcher que les soldats ne quittent leur poste pour emporter les blessés; le capitaine devant seul donner des ordres pour ce service.

Article 11.
Signaux.

Mouvement. Sonneries. Batteries.
Déployement. Déployement. La Breloque.
Ralliement. Ralliement. Aux Drapeaux.
Retraite. Retraite. Retraite.
Marcher à droite. Marche à droite. La Grenadière.
Marche à gauche. Marche à gauche. Les trois coups de charge.
La charge. La charge. La charge.
Marche lente. Pas ordinaire. Pas ordinaire.
Marche précipitée. Marche précipitée. La Charge avec roulement.
S'arrêter. La Messe. La Messe.

Nota.

On a désigné pour les tirailleurs les batteries dont on fait le moins d'usage dans une colonne en marche afin d'éviter toute confusion entre les mouvements de la colonne et ceux des tirailleurs: on pourra donner aux tambours-majors l'ordre de ne faire battre la grenadière ni les trois coups de charge tant que la colonne sera flanquée de tirailleurs.

Les sonneries et batteries ont été choisies parmi celles de l'ordonnance pour qu'elles soient générales.

Cette instruction de Morand pour les tirailleurs, dont John Cook a fait la transcription, fut préservée, parce qu'elle fut capturée avec le reste de la correspondance du maréchal Davout pendant la campagne de Russie en 1812. Elle se trouve imprimée aux pages 6-11 d'un ouvragee publié en 1903 à St. Pétersburg par V. I. Charkevitscha: "Matériaux des Archives educatives militaires de l'Etat-Major. La Guerre Patriotique de 1812. Part II: Documents capturés de l'Ennemi. Volume 1: La Correspondance en Provenance du Maréchal Davout (du 14 octobre au 31 décembre 1811.)". Malheureusement, il n'est paru que ce seul volume.

Deux autres exemplaires manuscrits de cette instruction sont conservés aux archives du SHD (ci-devant SHAT) au Château de Vincennes, dans le carton 1 M 2008. Je n'ai pas encore eu l'occasion de les comparer avec la version présentée ici.

Je remercie Bernard Coppens pour son assistance et sa Patience.



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