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Le manuscrit de l'instruction qui est transcrite ci-après, se trouve dans les archives du SHD (autrefois S.H.A.T.) au château de Vincennes, dans le carton 1 M 2008-31, pages 35-64. Ce carton porte le titre "Travail relatif à l'infanterie légère. Par Guyard, chef du deuxième Bataillon de la 23.eme [doit être: 22e] demi-brigade d'Inf.rie Légère. Au camp devant Coblentz, le 29 Messidor 3eme Année rép.ne I." ("I." probablement pour "Impérissable"). Le 29 messidor an III corresponde au 11 juillet 1795.
Les premières 34 pages de ce "Travail" traitent du service de l'infanterie légère. Ce texte n'est pas identique à l'Instruction pour l'infanterie légère, qui fut publiée par Guyard à Paris dans l'an XIII (1804/5).
Une version antérieure de ce "Travail", datant du le 29 juillet 1794, et sans les instructions pour tous les grades, se trouve au SHD dans le carton 1 M 2008-6. Celle-ci commence avec la lettre suivante:
Aux Comités de Surveillance.
Citoyens Représentants,
Lorsque Votre Collègue, Gillet, est venu pour l'organisation des armées de la Moselle et des Ardennes, il m'a chargé de lui faire part de toutes les observations que je pourrais faire à l'avantage du service. Je lui ai fait remettre une copie de l'ouvrage que je vous envoie. Si mes anciens services, l'expérience qu'ils me donnent peuvent par ce travail être utile à ma patrie c'est là une seule ambition.
Le commandant du 16e. Bataillon d'Infanterie Légère
Division Mayer à l'avant-garde
D'après le Dictionnaire des colonels de Napoleon par Danielle Quintin, Jean Rémi Guiard, dit Guyard, est né à Paris le 8 mai 1749. De 1765 jusqu'à 1777, il servait comme soldat, caporal et fourrier dans l'infanterie française, et fut nommé chef de bataillon des volontaires de Sedan le 3 octobre 1792, puis lieutenant-colonel en chef du 3e bataillon de volontaires du Loiret le 30 novembre 1792 et chef de bataillon du 16e bataillon d'infanterie légère le 21 mai 1793. Au premier amalgame, le 12 octobre 1794, ce bataillon fut incorporé dans la 16e demi-brigade d'infanterie légère, qui le 8 juillet 1796, au deuxième amalgame, reçut le nom de 22e demi-brigade d'infanterie légère. Guyard fut admis au traitement de réforme le 20 juin 1797, mais après, il fut remis en activité plusieures fois. Il mourut à Paris le 19 octobre 1817.
Les Soldats Républicains ne sauraient être mis en parallèle avec ceux des despotes, les premiers n'agissent que par l'honneur et comme membres du corps social, les autres au contraire obéissent servilement aux caprices d'un homme dont pour l'ordinaire les passions qui l'animent, en font un monstre aux yeux de la Philosophie comme à la Société.
Le Soldat Français, depuis la Révolution, n'a pas eu le temps de jeter un coup d'œil attentif sur son état: fatigué des travaux pénibles de la guerre et encore plus des petites intrigues de quelques grands scélérats qui n'avaient détruit la tyrannie que pour devenir tyrans eux mêmes. Il n'a pu voir la dignité de sa profession de soldat. Citoyen, il n'a pu encore gouter les biens ineffables de la Révolution, mais le temps est arrivé, où il pourra, pénétré de ses obligations envers la Patrie, se dire, en y satisfaisant : je suis heureux en m'exposant pour elle, puisque je trouve en récompense le vrai, le solide honneur et l'amitié de mes concitoyens que j'aurai défendus en défendant ma Liberté, ma propriété et ma vie.
Etablissons ici, le plus succinctement possible, les qualités qu'il est indispensable d'avoir pour être Soldat, et alors que chacun aura reconnu la vérité des Principes que je pose, qu'il en sera bien pénétré et qu'il les mettra en pratique : nous pourrons dire avoir une armée composée d'hommes faits pour en imposer à l'univers par leurs vertus et par leur valeur qui en est toujours inséparable.
Les obligations des Soldats ne sont pas plus pénibles que celles du Citoyen ; comme lui, il n'est assujetti qu'à l'obéissance aux lois, et dans l'état militaire, comme dans l'état particulier, tout réfractaire à la loi, est un être dangereux contre lequel elle doit sévir.
L'Homme qui se destine à l'état militaire doit donc avoir l'obéissance, plus que la valeur. Il ne doit jamais être téméraire, car alors, il pourrait compromettre la vie de ses camarades et l'intérêt public. Un homme téméraire est toujours dangereux, le Courage et la Valeur sont des vertus guerrières, comme la témérité est un vice qui prend ordinairement sa source dans l'ivresse ou la vanité. D'ailleurs, le Soldat accoutumé à n'obéir qu'à ses chefs, saura maitriser ses passions et n'être qu'un homme courageux.
Nous disons donc qu'un Soldat doit être obéissan : oui sans doute ! Mais c'est aux lois et non pas comme autrefois aux caprices des hommes : Rien de si naturel que l'obéissance aux lois, d'abord, parce qu'elles sont une émanation de notre volonté, et qu'en y obéissant, nous ne faisons que confirmer des arrêtés pris par nous. Enfin, c'est que les lois ont été faites pour le bonheur de tous, et qu'y désobéir, c'est se déclarer l'ennemi du Bonheur public.
Quand un soldat obéit à son chef, certainement, ce n'est qu'à la loi qu'il obéit et non à l'individu ; car son chef ne peut lui ordonner que l'exécution d'une loi, soit qu'il lui commande par rapport à l'ordre et à la discipline qui existe par la loi ; ainsi le soldat qui désobéit à son chef est en contradiction avec lui par rapport à la loi qu'il a consentie et coupable envers la Société dont il trouble l'harmonie.
Par rapport au service ; tous les hommes sont convenus qu'il ne peut exister de raisons valables pour s'en exempter, si ce n'est la maladie et que celui qui veut s'y soustraire se rend coupable d'un crime qui le conduit à la mort. Si par hasard, un officier ou sous-officier commandait de service un soldat sans que ce fût son tour, le soldat doit commencer par obéir, sauf ensuite à lui à prouver à l'officier qu'il s'est trompé ou qu'il a fait abus d'autorité et dans ce cas, à le faire punir, s'il le juge à propos.
Par rapport à ce qui est de la police des corps, certainement qu'elle existe par la loi ; mais comme elle n'intéresse pas aussi essentiellement la Sureté générale celui qui se rend coupable de désobéissance pour un fait de police, n'est pas aussi coupable que quand il s'agit du Service.
Par Exemple on comprend dans la Police des Corps
1. la Propreté,
2. la Vigilance,
3. l'honnêteté envers ses Camarades,
4. le Jeu,
5. la Tempérance,
6. la Stricte Probité.
Tous ces objets sont compris dans les lois relatives aux troupes dont l'exécution intéresse l'ordre social et les fonds de la République.
En voici la Preuve.
La Propreté intéresse l'ordre social puisque le soldat qui n'est pas propre expose sa santé, que s'il vient à être blessé, étant malpropre il court les risques d'avoir une plaie incurable et même d'en mourir ; or, c'est, comme on voit, manquer à l'ordre social, que d'exposer l'humanité qui en est le premier principe.
Le soldat qui n'est pas propre dans la tenue des effets d'habillement et d'équipement que la République lui donne, en compromet les fonds, parce qu'ayant moins de soins de ses effets, il use infiniment plus et quand on les lui ferait payer, son décompte ne suffirait pas, qu'alors la République paierait plus pour lui que pour un autre, ce qui ne doit pas être, car le Gouvernement en tolérant ainsi les malpropres, commettrait une injustice, en n'accordant pas une indemnité à celui qui aurait plus de soins de ses effets, et il s'exposerait à des réclamations sans nombre.
La Vigilance est une des qualités nécessaires au soldat, d'elle dépend la Sureté des armées et de sa vie ; la vigilance s'entend par être prêt au premier ordre et d'avoir toujours ses armes en état, d'être dans les gardes dans une activité continuelle afin d'éviter les surprises et en faction, d'être sans cesse à écouter et regarder autour de soi pour avertir assez à temps, soit de jour, soit de nuit, de l'approche de l'ennemi ; de s'assurer de tout ce qui vient de ce côté afin de ne pas tomber dans des erreurs qui pourraient faire couter la vie à une armée entière. Enfin, c'est sur la vigilance d'une sentinelle qu'une armée se repose de ses pénibles travaux. Se rendre coupable d'insurveillance, c'est en guerre un crime digne de la mort.
L'honnêteté envers ses Camarades, l'honnêteté est une suite de l'éducation que l'homme a reçue et un correctif des mœurs, l'honnêteté est plus essentielle dans un soldat, s'il est possible de le dire, que dans tout autre homme ; dans un soldat parce que cette classe est pour l'ordinaire composée de jeunes gens qui sont dans la force des passions et que dans cet âge, si l'on ne tenait strictement la main à ce que les soldats fussent respectivement honnêtes entre eux, il s'en suivrait tous les jours des querelles et des rixes qui porteraient atteinte à l'harmonie qui doit exister entre des hommes qui combattent pour la même cause.
On a senti de tous les temps la nécessité d'être honnête dans la troupe ; dans ces temps mêmes où le soldat ne servait qu'un despote, à plus forte raison qu'il est l'homme de la loi et membre de la Société qu'il défend.
Le Jeu, qui ne devrait être chez les hommes qu'un délassement, est devenu chez beaucoup, et particulièrement dans les soldats un objet de calcul et de combinaisons souvent avilissantes pour celui qui le fait ; le jeu a tous les inconvénients antisociaux, il fait d'un homme laborieux, par conséquent utile, un déshonoré et quelquefois un fripon, il expose au duel, et quand un joueur a l'espoir de gagner, devoir, honneur rien ne peut le retenir, il cède au penchant qui l'entraîne, et manque sans scrupule à ce que l'honnête homme, le Républicain, a de plus sacré.
La loi prononce des peines contre les joueurs de profession, mais elles ne sont pas assez fortes et les chefs de corps doivent particulièrement tenir la main à ce qu'il ne sois jamais joué d'argent dans leurs camps, cantonnements ou casernes.
La Tempérance, est une des qualités essentielles au Soldat, puisque pour l'être, il faut s'élever au dessus des autres hommes par les vertus sociales et la valeur, et que l'intempérance ou l'ivrognerie est le défaut qui dégrade l'homme et l'assimile aux bêtes les plus féroces.
L'ivrognerie met l'homme dans le cas de commettre toutes les sottises et les crimes possibles, elle le rend furieux, quoiqu'assez ordinairement elle fasse des lâches, alors que les fumées vineuses sont absorbées. Enfin elle met l'homme dans l'impossibilité de faire son devoir et surtout de militaire, puisqu'on ne saurait l'employer à aucun post sans l'exposer, ainsi que ce qui serait confié à sa surveillance, aussi la loi a-t-elle prononcé la peine de mort contre tous ceux qui s'enivreraient étant de service à l'armée, et cette punition quoique très rigoureuse est justement méritée, puis celui qui l'encourt peut compromettre une armée entière et quelques fois même l'intérêt de deux nations.
Enfin la stricte probité. Dans l'état de société, la probité doit être le premier principe de la conduite de l'homme, dans l'état militaire, il doit toujours être présent à la mémoire, d'abord parce que les occasions sont plus fréquentes pour y manquer que dans l'état ordinaire de Citoyen. Comme Soldat, rien n'est sous la clef, tout est à l'abandon dans les casernes, ou au moins placé de manière à pouvoir être touché par les gens de la chambrée même de la compagnie. Que des effets exposés à leur vue sont plus faits pour tenter que ceux resserrés sous la clef, que plus les tentations sont fortes, plus la résistance et même l'indifférence ont de mérite pour l'homme qui sait se dire : Je ne dois voir les effets d'autrui que pour les lui conserver pendant son absence.
Certes, que l'épreuve continuelle par laquelle les soldats passent, doit être l'assurance de la probité en faveur de celui qui la subit.
Le soldat doit être plus réservé qu'un autre par beaucoup de raisons: d'abord, il est fait pour exécuter les lois qui exigent impérativement le respect des Propriétés, que la garde d'effets précieux lui est souvent confiée. Enfin, c'est que sa qualité de soldat le décore de la confiance générale. Ainsi, si dans le temps ou le soldat n'était que l'instrument de la vengeance d'un homme, quand il est libre, qu'il est devenu aussi puissant que ce même homme, combien ne doit-il pas être jaloux de répondre à la confiance que ses concitoyens lui accordent et de mériter d'entendre dire : Il n'existe de probité éprouvée que dans les Soldats Républicains...
Que chaque soldat lise attentivement tout ce qui est dit, qu'il se rappelle les droits sacrés de l'homme et alors il méritera l'honneur d'être républicain et de forcer, en cette qualité, les esclaves et leurs maitres à le respecter et même à jalouser son sort.
Le grade de caporal est celui où on doit se former pour devenir sergent, les obligations de ce grade sont plus importantes qu'on ne saurait l'imaginer, elles consistent :
1. Dans la Tenue des hommes qui composent l'escouade,
2. Dans l'instruction de ces mêmes hommes pour le service et l'exercice,
3. Dans la connaissance du service de place,
4. Dans la connaissance du service de campagne.
Le caporal doit avoir un livret sur lequel seront inscrits les noms et prénoms des soldats de son escouade, leur âge, leur taille, le lieu de leur naissance, enfin le signalement de chacun.
Ce livret sera partagé en deux parties égales, la première pour contenir les signalements et la seconde pour établir les mouvements et constater ce que chacun d'eux aura reçu des magasins du corps ou de la République, par ce moyen, les fautes d'enregistrement contre lesquelles un soldat réclamerait, soit justement ou injustement, seraient vérifiées sur le livret du caporal et sur celui du sergent comparativement avec celui du Sergent-major qui aura toujours le livret comptable du Capitaine.
Soit en temps de paix ou de guerre, le Caporal répondra au Sergent de sa section de la propreté des hommes, de la tenue des armes ainsi de toutes les parties de l'armement et équipement, pour s'assurer que tout ce qui est fournis à sa surveillance, soit en état, il passera au moins une inspection par décade, de laquelle il rendra compte à son sergent de section.
Tous les quinze jours, il passera une revue de butin et il formera un état des besoins que son escouade pourrait avoir, il remettra cet état à son sergent de section.
Soit qu'il soit caserné, cantonné ou campé, il veillera à ce que l'endroit où doit coucher le soldat soit toujours propre, les lits faits, la paille remuée, les chambres ou le devant des baraques ou tentes bien balayées.
Si l'on est baraqué ou campé, il ne souffrira pas qu'aucun soldat fasse ses ordures trop près de la tente ou baraque, au contraire les enverra en avant du front de bandière.
Lorsqu'une recrue arrivera dans une escouade, après qu'il aura été enregistré, le caporal s'assurera s'il sait faire l'exercice, il le portera alors sur son contrôle pour la classe à laquelle il croira qu'il puisse aller. Si cette recrue ne sait rien du tout, le caporal lui instruira pendant huit jours des moyens de tourner carrément la tête sur son pivot, de bien se placer et de marcher les différents pas prescrits par le règlement sur l'exercice de l'infanterie. Au bout des huit jours de cette école, il lui fera prendre les armes et l'exercera au maniement d'armes, à la charge et aux feux ; la durée de l'exercice ne devra jamais être de plus d'une heure pendant laquelle on ne fera que deux ou trois petits repos.
Chaque caporal exercera ainsi les recrues de son escouade deux fois par jour matin et soir aux heures qui lui seront prescrites.
Toutes les décades, le caporal lira dans son escouade les droits de l'homme, les crimes et délits militaires et quelques articles de la théorie sur le service de place ou de campagne, selon les circonstances. Jamais, jusqu'à ce qu'une recrue soit instruit, le caporal ne doit se lasser de lui parler service dans ses principes et pour peu que la recrue ait d'aptitude à l'état militaire, l'instruction du caporal sera ni pénible ni de longue durée et en instruisant sa recrue, il se fortifiera dans la connaissance et les principes de son état.
Le service de place n'a jusqu'à ce jour rien eu de ce qu'il était autrefois, il est bon cependant de rappeler ici en somme les choses les plus essentielles du service et distraire celles qui ne tenaient qu'aux petitesses de l'ancien régime.
Dans l'utilité du service, comme dans les moyens de le bien faire, on doit y trouver le brillant q u'il est ordinaire de rencontrer chez le peuple français.
Le caporal qui sera de garde se rendra le matin à l'heure qui sera indiquée par l'adjudant de place pour y tirer au sort le poste qu'il devra occuper.
De retour à la caserne, il passera l'inspection des hommes de son escouade qui devront être de garde avec lui, il avertira ensuite le caporal de semaine pour qu'il rassemble les hommes de garde de toute la compagnie. Ils en feront l'inspection conjointement, et alors qu'elle sera faite, ils préviendront le sergent-major que les hommes de garde sont prêts à passer son inspection.
On voit sans peine que les occupations du sergent-major ne sauraient être aussi pénibles que celles des sergents de section et qu'on peut sans surcharge, leur donner les inspections journalières des hommes de garde de leur compagnie, ce qui les mettra à portée de connaître les besoins des soldats et de faire procéder de suite aux réparations qu'il y aura.
Aussitôt le rappel pour la garde montante, les caporaux de semaine se porteront au lieu du rendez-vous de l'assemblée de leur compagnie, ils y formeront les soldats de garde sur deux rangs et les conduiront en ordre sur le lieu où la garde du bataillon s'assemble ordinairement pour y former les postes et attendre le départ de la troupe, soit pour se rendre directement au poste ou aller défiler la parade sur la place d'armes.
Dans les postes où il y aura deux caporaux celui de consigne ne sera particulièrement occupé que de recevoir en compte du caporal de garde descendante pareillement de consigne, tous les effets du corps de garde qui devront être en bon état. Dans le cas où il y aurait des carreaux de cassés ainsi que le fanal ou toutes autres dégradations aux capotes, faisceaux d'armes, bancs ou tables, il en rendra compte à l'officier de garde qui constatera si le délit doit être payé ou bien supporté par la République. Dans le premier cas, il ordonnerait les arrêts au caporal et dans le second, il formerait un état des choses manquantes, qu'il ferait remettre à l'adjudant de place par le sergent de garde, alors qu'il irait, soit à l'ordre, ou au rapport.
Le caporal de consigne ne sera tenu que de la reconnaissance des rondes et patrouilles, de poster la sentinelle devant les armes, d'envoyer des hommes de corvée au bois et à la chandelle, enfin d'entretenir le corps de garde et ses avenues dans un état de propreté nécessaire à la santé du soldat. Dans les postes des portes, il sera tenu de la propreté des ponts et dans ceux des portes où il ne montera qu'un sergent pour commandant, il ira chercher et reporter les clefs chez le commandant de la place, comme aussi, dans ce dernier cas seulement, il irait chercher le mot d'ordre le soir et au rapport le lendemain.
Le second caporal s'appellerait caporal de pose. Il sera tenu d'aller poser toutes les sentinelles en factions, il ne permettra jamais, sou tel prétexte que ce puisse être, qu'une sentinelle se laisse relever sans lui, il peut en résulter de très grands inconvénients dont sa négligence le rendrait participer. Il ferait les patrouilles qui seraient à donner dans les alertes pour le bruit, il se transporterait avec ses hommes de garde ; enfin il ferait deux rondes dans la nuit et surveillerait le plus souvent possible ses sentinelles.
Le caporal de pose aura toujours le plus grand soin de se transporter au pas de course près de la sentinelle qui aurait tiré un coup de fusil et quel qu'en soit le motif, il la ramènera au corps de garde de l'officier pour qu'elle lui en rende compte.
Le caporal de pose étant en ronde ou visite de sentinelle, s'il venait une ronde de quelle espèce qu'elle soit, il la reconnaitrait et lui donnerait ou recevrait le mot d'ordre selon la différence du grade ou à grade égal selon l'ancienneté de la brigade.
Toutes les rondes du grade au dessus de celui de caporal, le caporal de pose dira avancer à l'ordre: si ce sont deux rondes de caporaux, celui qui sera de la moins ancienne demi-brigade ou du corps le moins ancien, donnera le mot à l'ordre.
Il en sera de même pour les patrouilles.
Lorsque la garde sera relevée et que l'officier aura envoyé sa troupe dans ses quartiers, le caporal assemblera les hommes de son corps et les conduira en règle et en silence au quartier, l'arme portée à volonté, à l'exception des corps de garde, devant lesquels il serait obligé de passer, qu'il ferait porter les armes.
Si tous les hommes d'un même corps ne logeaient pas dans le même quartier, il choisirait un des plus anciens soldats pour conduire ceux qui ne logeraient pas avec lui.
Tous les jours, les caporaux seront tenus de se trouver chacun dans son escouade depuis midi, jusqu'à une heure, d'abord pour y entendre la lecture de l'ordre et le faire exécuter par les soldats de son escouade, ensuite pour faire décharger les armes de ceux qui descendraient la garde si elles avoient été chargées et ramasser la poudre et les balles pour les remettre au sergent-major.
Dans la journée de la descente d'une garde, le caporal fera nettoyer les armes ainsi que la buffleterie et les armes de ceux de son escouade qui descendraient la garde.
Chaque caporal fera à son tour une décade pendant laquelle il commandera le service ainsi que toutes les corvées qui devront être faites dans la compagnie entière, et il conduira les hommes de garde au rendez vous du bataillon et delà à la place d'armes.
Le service de campagne est infiniment plus délicat que celui de place, il est plus varié dans les circonstances, mais il a des principes généraux desquels on ne doit jamais s'écarter.
Pour monter la garde en campagne, l'assemblée des soldats est la même que pour ce qui est dit pour le service de place, l'heure de la garde montante diffère an raison de la marche du corps ou de celle de l'ennemi, mais il y aura toujours un lieu de rassemblement général qui sera indiqué par le chef du corps, où le caporal de semaine conduira les hommes de garde. Les caporaux de garde à l'armée ne tireront jamais leurs postes, le plus ancien des caporaux sera au poste le plus avancé avec les plus anciens soldats, de manière que le poste de l'officier commandant soit toujours composé des plus jeunes soldats et sous-officiers, afin qu'ils puissent apprendre pendant leur garde tout ce qui est relatif à la rigide observation des lois.
En campagne comme en garnison, les caporaux relèveront toujours leurs sentinelles et dans les intervalles de leur pose, ils les surveilleront et visiteront le plus souvent possible, ils leur feront répéter toute leur consigne, non seulement quand ils les relèveront, mais encore quand ils iront les visiter. Comme les caporaux sont chargés des reconnaissances, ils consigneront à leurs sentinelles de ne jamais crier sur une troupe qui devra être reconnue que halte, caporal viens reconnaitre, elles auront alors les armes hautes et apprêtées et si la troupe sur laquelle elle aurait crié halte, avançait, elle mettrait en joue, en criant une seconde fois, halte et tireraient si elle continuait de marcher. Après avoir fait Feu, elle se retirerait sur le poste.
Dans un poste où il y aurait plusieurs caporaux, ils feront également le service, soit pour les poser, patrouiller ou rondes ; les caporaux de garde ne pourront jamais, sous quel prétexte que ce soit, s'absenter de leur poste ni permettre aux soldats de le faire.
Le jour une sentinelle pourra reconnaitre un homme seul alors qu'il viendra du côté de l'ennemi, mais la nuit, elle arrêtera et fera reconnaître un seul homme avec les mêmes précautions que s'il y avait beaucoup de monde.
Jusqu'à présent dans les camps comme aux avant postes, on reconnait souvent que la troupe, ou personne reconnue n'a pas encore dépassée le poste précédant celui qui reconnait ; il est donc bon d'observer ici que les reconnaissances des avant-postes de l'avant garde, doivent se faire avec exactitude de quel côté que la troupe vienne ou des paysans assemblés qui souvent pourraient être des Soldats déguisés, mais dans les camps, alors que les grandes gardes ont reconnu, il est inutile que les gardes du camp, qui ne sont que de Police, reconnaissent.
Le Caporal qui est de garde du camp, doit consigner et avoir la plus grande attention, à ce que aucun étranger ne se promène dans les rues du camp, sur le front de bandière, ou en arrière, l'intromission des inconnus dans les camps, peut être quelquefois funeste aux soldats français dont la confiance est trop grande, soit par rapport à leurs forces, soit par rapport aux étrangers qui journellement abusent de sa crédulité.
Comme les gardes se montent de bonne heure à l'armée, que par conséquence elles descendent de même ; jamais les caporaux ne feront de rapport qu'après la garde descendue, et ils viendront avec leurs armes, chez le commandant du corps pour faire le rapport.
Si pendant le cours d'une garde, il arrivait quelque événement extraordinaire ; a lors le commandant du poste ferait prévenir le commandant du corps par une ordonnance de ce qui serait arrivé, mais jamais, sous aucun prétexte, on ne doit dégarnir les postes surtout aux avancées.
Le caporal fourrier doit être choisi par le capitaine pour faire les distributions de toute espèce à la compagnie, il doit savoir bien lire et écrire et s'appliquer à connaître plus qu'aucun autre, les lois qui accordent aux soldats, soit ce qu'il leur faut journellement, ou des gratifications ; ce grade est celui dans lequel on se forme pour devenir sergent-major et par suite quartier-maître ou payeur d'un corps.
Un Caporal fourrier doit avoir deux registres, le premier pour contenir les contrôles d'anciennetés et détaillés des soldats, les mouvements journaliers de la compagnie et le second pour enregistrer toutes les natures de distribution par espèces, quantité et dates. Ces registres doivent être visés par le capitaine tous les mois, afin d'assurer l'exactitude de la tenue et d'y engager à les tenir.
Il y aura de plus un registre sur lequel il ira enregistrer tous les jours l'ordre chez l'adjudant major à l'heure qui lui aura été indiquée par le dernier.
Dans les places de guerre, l'ordre sera toujours lu par le fourrier aussitôt après les gardes descendues et dans les camps, selon les différentes heures auxquelles il sera donné, mais toujours, le fourrier annoncera cette lecture en faisant battre à l'ordre.
Quand le fourrier a une distribution, il assemblera de sa compagnie les hommes de corvée qui lui seront nécessaires et il les conduira en règle, au lieu qui aura été indiqué par le quartier-maître ou le payeur.
Quand les hommes de corvée formés sur deux ou trois rangs, seront en marche, les caporaux fourriers des compagnies de tête et queue, seront le premier en avant de la tête de la colonne, le second en serre-file dudit peloton avec le quartier-maître et ceux des compagnies du centre seront sur les flancs.
Cette manière de marcher en colonne de flanc établira l'ordre qu'il est nécessaire qu'il existe dans les mouvements qu'une troupe fait ; le même ordre existera pour le retour, quoique la troupe soit chargée.
Jamais un fourrier ne pourra se dispenser d'aller aux distributions, et alors qu'il sera de retour, il mettra la plus grande célérité à distribuer à la troupe ce qui lui revient.
Le caporal fourrier, indépendamment de toutes les obligations dont il est parlé ci-dessus, aura encore celle de former, sous l'inspection du sergent-major, tous les contrôles de revue et autres qui seront demandé dans l'ordre.
Le Grade du sergent est l'école dans laquelle un sujet doit acquérir les connaissances nécessaires pour devenir un bon officier, déjà éprouvé sur ses moyens moraux et physique dans le grade de caporal, son capitaine n'aura plus qu'à corriger les défauts de négligence ou de lenteur dont il pourrait se rendre coupable, d'abord en employant toutes les voies douces et honnêtes auxquelles un Républicain ne peut résister et ensuite, en employant les punitions déterminées par la loi, car un homme repris plusieurs fois, pour une même faute, annonce un sujet peu délicat indigne de la qualité et du nom de Républicain et par conséquent d'occuper aucun grade.
Les compagnies sont divisées de manière à ce qu'un sergent ait deux escouades dans sa subdivision sur lesquelles il doit avoir une attention continuelle ainsi que sur les caporaux dont il doit surveiller scrupuleusement la conduite.
Un sergent aura deux livrets, un sur lequel sera inscrit le nom des hommes de sa subdivision, ainsi que les contrôles par rang de taille et d'ancienneté ; afin de pouvoir dans ce dernier cas, prendre la défense d'un soldat, s'il était trompé par erreur ou volontairement pour raison de son avancement.
Un autre qui sera un compte ouvert avec chaque soldat de sa subdivision et dans lequel il sera fait une mention exacte et journalière des mouvements indéfiniment ainsi que des recettes ou effets de toute nature et de l'établissement du décompte pour donner un résultat de compte qui constitue le soldat reliquataire ou propriétaire d'une somme quelconque.
Ces livrets, ceux du sergent-major, du capitaine et du quartier-maître devront s'accorder sur tous les points, afin de prouver au soldat, combien on est exact à lui donner ce que la loi lui accorde.
En temps de paix, les sergents feront lever les soldats et nettoyer les chambres, dans l'été à cinq heures du matin et dans l'hiver à huit heures, les armes devront toujours être propres et au faisceau et le havresac suspendus par un clou au dessus des lits dont les couvertures seront toujours bien tendues, la propreté étant nécessaire à la vie des hommes, ne pas les surveiller, c'est se rendre coupable envers la République des accidents et des maladies qui trouvent leurs principes dans la malpropreté. Le sergent, alors qu'il lui arrivera une recrue, ordonnera au caporal de l'escouade dans laquelle il le mettra, de l'instruire sur tous les points de son état. Il surveillera cette instruction et corrigera les erreurs, s'il s'en glissaient dans les principes.
Au moins toutes les décades, le sergent passera la revue de propreté, l'inspection des armes et fera faire le maniement des armes, la charge et les feux, il remarquera ceux qui auraient oublié ou qui se négligeraient, et il les ferait passer à la seconde classe pour un temps qu'il limiterait.
Tous les mois, il passera scrupuleusement la revue du butin des hommes de sa subdivision et il donnera un état signé de lui, au capitaine de la compagnie.
Les caporaux de sa subdivision devront s'adresser à lui pour tous les besoins des hommes de leurs escouades et lui à son lieutenant, sans qu'il soit possible d'intervertir cet ordre avec lequel rien ne se trouve compliqué dans l'administration et sans lequel tout est dans la confusion.
Le Service de paix est prescrit dans un règlement fait pour le Service de place, ce qu'on peut dire ici relativement à cela ; c'est que depuis quelques années, le service dans les places a été négligé de la part de tous les sous-officiers, les uns y manquaient à défaut de connaissances, les autres par nonchalance, mais en suivant ce qui sera prescrit dans les devoirs de l'adjudant major, on remédiera aux inconvénients qui résultent de l'état d'insouciance dans lequel nous nous trouvons à cet égard.
Le service de guerre est prescrit par un règlement fait à ce sujet et qu'on relatera dans un travail particulier, une seule observation à faire aux sergents, c'est qu'il est indispensable qu'ils s'occupent des moyens de bien apprendre tout ce qui y est prescrit, s'ils veulent éviter de tomber dans quelques erreurs préjudiciables au bien du service, ainsi qu'aux intérêts de la République.
Ce sous-officier chargé par son état des affaires de la compagnie, doit être non seulement l'homme de confiance du capitaine, mais encore du soldat, ainsi que du conseil d'administration, il doit avec cette qualité, avoir des connaissances et une justice dans sa conduite qui la lui assure.
Dans tous les corps, le sergent-major est au choix du capitaine, il est spécialement chargé sous la responsabilité collective avec le capitaine, des distributions de toute espèce, de la tenue et entretien de l'habillement, armement, équipement et de décompte de la compagnie en général et de chaque soldat en particulier.
Pour cet effet, il aura, d'abord, sur un registre ce destiné, un contrôle par ancienneté, un par rang de taille et un par escouade. Sur ce registre seront tous les mouvements journaliers par ordre de date. Ces mouvements seront vérifiés et arrêtés tous les mois par le capitaine et autant de fois que le chef du corps voudra faire l'inspection de la tenue du registre.
Il aura un autre petit registre qu'il changera tous les semestres et sur lequel seront écrites les distributions par ordre de date, et les quantités de chaque espèce, au bas de chaque distribution, le quartier-maître ou payeur mettra son visa pour l'ordre et la sureté de la comptabilité.
Enfin le sergent-major tiendra un compte ouvert avec tous les sous-officiers et soldats de la compagnie dans la forme que voici:
Pierre Denis
Arrivé à la compagnie le ... par ordre de ... agé de ... taille &c.
Tout le signalement bien détaillé, ainsi que les noms de l'endroit natal,
de celui de la demeure, résidence du district, du département.
A Reçu
Dates, | bas, | souliers, | chemises, | cols, | chapeaux, | &c. |
Le 4 nivôse | ||||||
Le 7. | ||||||
Le 9. |
Par ce moyen, on pourra dans le même livre avoir les signalements de chaque homme et l'époque de toutes les recettes qu'il aura faites en effets ainsi que de celles de ses mouvements pendant le cours de son existence dans la compagnie, ce registre devra être arrêté après avoir été visé par le conseil d'administration tous les semestres.
Dans le cas ou l'on voudrait vérifier un quartier-maître, on le pourra par ce moyen, et aussi on pourra par le registre du quartier-maître vérifier le sergent-major.
Tous les matins, il devra rendre compte à son Capitaine des mouvements qui seraient arrivés dans la compagnie et déporter la situation au quartier-maître, elle doit être chez ce dernier avant six heures du matin, pour que la situation générale du corps soit chez le général et le commandant du corps avant huit heures du matin.
à l'égard des appels qui sont ordinaires dans la journée, ainsi que ceux du soir, il en rendra compte à l'officier de décade, qui en rendra compte au chef du corps.
Toutes les fois que l'on prendra les armes, pour quelque cause que ce puisse être, il assemblera la compagnie au lieu qui aura été indiqué par le capitaine auquel il rendra compte de ceux qui ne s'y seraient pas trouvé.
Dans les marches, les sergents-majors iront en avant avec le quartier-maître pour faire le logement, alors que la troupe logera dans une ville ou dans un village, mai quand elle campera, ils iront avec l'adjudant général ou un adjoint pour marquer le camp et y faire venir autant que faire se pourra tout ce dont la troupe aurait besoin. Toutes les fois qu'il y aura des distributions soit en garnison, cantonnement ou camp, de quelles espèces qu'elles soient, il y aura un sergent-major qui conduira les fourriers et les soldats d'escorte, il les tiendra dans le plus grand ordre allant et venant.
On ne doit voir dans un officier qu'un homme à talents ou un brave par excellence, ainsi, le soldat élevé par ses camarades ou par la Convention nationale au grade d'officier, ne doit pas démériter de cet honneur par sa conduite privée et militaire.
Par sa conduite privée, il démériterait s'il ne se montrait dans toutes les occasions de sa vie, l'ami des lois, le protecteur de l'ordre, et l'ennemi prononcé de tous ceux qui chercheraient à porter atteinte aux intérêts de la République, et celui-là y porte atteinte, qui s'enivre par habitude, celui là qui au lieu de s'occuper de son état conformément aux désirs de la loi, ne s'occupe que d'avancer aux dépens de qui il appartiendra, sans consulter l'étendue de ses moyens moraux, et s'il peut être utile à la chose publique, est un traître qui entreprend plus qu'il ne peut, la compromet à chaque instant.
Enfin celui là porte atteinte aux intérêts de la République, qui ne surveille pas d'assez près les soldats dont le commandement lui est confié pour empêcher que la malveillance ne trouble l'harmonie et la discipline qui doivent exister dans la troupe.
Pour sa conduite militaire, il doit servir de modèle, dans les actions de guerre, de valeur de prudence et de prévoyance, d'obéissance à ses chefs dans tous les temps, d'une probité à toute épreuve, de tempérance, de propreté et d'économie, en un mot un officier républicain doit posséder toutes les vertus sociales reconnues par lui et ses représentants.
Tout autre que l'homme dont un vient de parler, est indigne de l'honneur d'être officier et de commander à des hommes libres, amis de la nature et de toutes les perfections.
Ses fonctions consistent à voir tous les jours les soldats de sa subdivision, à s'assurer qu'ils soient propres et en bonne santé, et que les sergents et caporaux en faisant exactement leurs devoirs, n'abusent pas avec leurs subordonnés de l'autorité que la loi leur donne sur eux, d'avoir un contrôle par ancienneté, un par escouade et un par rang de taille,
De veiller à l'instruction des soldats de sa subdivision, et particulièrement des sous-officiers, de veiller à ce que les droits de l'homme soient lus exactement toutes les décades, ainsi que les lois sur les crimes et délits militaires, les règlements et instructions pour le service de place et celui de campagne.
Enfin, par ses soins et son intelligence, faire un objet de récréation au soldat, de l'étude et de ses devoirs.
Tous les matins, le sous-lieutenant ira rendre compte à son capitaine de ce qu'il y aura de nouveau dans sa subdivision, c'est avec cette harmonie que la force militaire réduite en tiers de ce qu'elle est, continuera d'être imposante et terrible aux satellites des despotes.
On insérera ici les articles principaux du service de place ainsi que ceux relatifs au service de guerre.
Ses fonctions sont parfaitement les mêmes que celles du sous-lieutenant, en observance cependant que dans le cas d'absence du capitaine, il commande en sa place et que ce qui est relatif au capitaine le devient à lui.
Les obligations du capitaine sont plus importantes que celles des Lieutenants en ce qu'elles comprennent de plus la comptabilité d'une quantité d'hommes.
Le Capitaine doit avoir un compte ouvert avec tous les Soldats de sa compagnie tenu dans le plus grand ordre possible qui cadre avec celui du sergent-major et dans lequel, il puisse trouver à chaque instant les moyens de satisfaire un soldat sur toutes les demandes qu'il pourrait former relativement à des recettes en effets.
Il aura de plus un contrôle par rang d'ancienneté un par rang de taille et un par escouade.
Il tiendra sur un cahier particulier un état des mouvements journaliers de sa compagnie afin qu'il puisse quand il le jugera à propos et le plus souvent possible s'assurer de l'exactitude de son sergent-major pour la tenue de son registre.
Sur un calepin, qui changera tous les semestres, le capitaine enregistrera toutes les distributions de bouche, de bois et de paille qui auront été faites à sa compagnie pour pouvoir rendre justice aux soldats s'ils formaient des réclamations, le capitaine veillera particulièrement à l'entretien des effets de l'armement et de l'équipement du soldat de sa compagnie, il passera au moins tous les mois, une revue de propreté et de butin, il sévira contre celui qui par nonchalance userait plus et serait moins propre, et mettra en justice celui qui aurait vendu quelques effets qui lui auraient été délivrés.
Le capitaine sera chargé et responsable de l'instruction de sa compagnie qu'il suivra très exactement en assistance souvent aux inspections des gardes, il pourra exercer ou faire exercer devant lui les hommes qui monteraient la garde et même toutes les décades au moins une fois, en observance de ne jamais tenir les soldats plus d'une heure sous les armes.
Tous les matins, les capitaines se rendront chez le chef du corps pour y rendre compte de leur compagnie, et le mettre à portée de former des demandes relatives aux besoins généraux du bataillon.
L'Adjudant-major est l'officier qui a le plus besoin de connaissances et d'expérience dans cet état, il est après le chef du corps, la cheville ouvrière des manœuvres et de la bonne tenue des officiers, sous-officiers et soldats.
Son devoir consiste à commander le service des officiers et pour cela il doit avoir un contrôle par rang d'ancienneté de service ; il doit distinguer le service de place de celui de campagne, les corvées d'avec le tour des rondes, ainsi que le service des décades, de manière que dans tous les instants il puisse prouver à un officier que c'est justement qu'il est commandé.
Dans les cas ou un officier serait pour quelque cause que ce soit absent du corps pour le service de guerre ; seulement il sera à reprendre. L'adjudant-major sera chargé particulièrement de l'instruction des sous-officiers pour les manœuvres et de la théorie pour le service.
En garnison, il les assemblera au moins une fois par décade pour la théorie des manœuvres et une autre pour celle du service et des obligations qu'ils ont à remplir.
Pour satisfaire à cette obligation, on sent parfaitement que l'adjudant-major doit être aussi assidu qu'instruit ; puisque c'est de son assiduité comme de ses talents que dépend l'instruction de tout le corps. Il se trouvera à l'assemblée de la garde qu'il fera défiler. Dans les villes ou cantonnements ou il n'y aura pas d'état-major de place, il sera chargé tous les soirs de donner le mot d'ordre, de recevoir les rapports le matin et d'en rendre compte au chef du corps. S'ils sont plusieurs adjudants, ils alterneront entre eux pour le service général ; mais ils ne seront pas dispensés pour cela d'assembler la garde de leur corps et de la conduire au rendez-vous général pour y défiler la parade. En l'absence du quartier-maître, il sera chargé d'aller aux distributions et d'y conduire en règle les fourriers ainsi que les hommes de corvée, il les ramènera dans cet état au quartier ou au camp de manière que dans toutes les démarches d'un Républicain, on voit l'ordre qui doit exister dans toutes ses actions.
Dans les marches, l'adjudant, alors que le commandant du corps est présent, il doit être entre la cinquième et la dernière division. Toutes les fois que le chef du corps sera de visite de poste, il la fera avec lui sans pouvoir s'en dispenser sans une permission. Enfin, l'état d'adjudant exige une surveillance continuelle sur tout ce qui intéresse le service sous tous les rapports.
Le quartier-maître est l'officier qui est chargé de toutes les recettes et dépenses quelconques du bataillon. Il doit être choisi non par l'ancienneté, ni un sujet de faveur, mais bien un homme sage, intelligent, d'une probité et d'une fortune connue pour tranquilliser l'administration en cas d'accident.
Voilà les titres qui doivent parler en faveur du sujet proposé pour être quartier-maître et qui doivent être bien vérifiés par le conseil d'administration qui est responsable des erreurs ou friponneries que pourrait faire cet officier.
Le quartier-maître doit avoir un registre ou contrôle général sur lequel chaque homme doit être signalé en entrant au corps, ce qui sert pour décider de l'ancienneté dans les cas où il en est question.
Il doit avoir registre journal sur lequel tous les mouvements sont inscrits tant à cause des hôpitaux, prisons, tués, désertés, morts à l'hôpital, partis par congés, pour la pension, réformés, arrivés de recrue &c.
Il sera chargé de recevoir tous les matins les situations de chaque sergent-major, d'en former une générale pour le chef général de brigade, et de laquelle, il donnera copie au chef du corps.
Il aura un registre sur lequel seront enregistrés d'abord par époques, toutes les recettes qu'il aura faites pour le bataillon en effets d'habillement, armement et équipement et ensuite par compagnie. Il fera mention de la dépense dans chaque espèce et mention du bon, par qui il aura été signé afin qu'il puisse toujours avoir quand le conseil d'administration lui demandera une preuve de la bonté et de l'exactitude de sa gestion.
Le quartier-maître assistera à toutes les distributions et dans le cas ou il ne pourra y assister, il préviendra l'adjudant-major et à son absence, l'adjudant sous-officier pour qu'il le remplace à la distribution à laquelle il ne saurait se trouver. Cette obligation est d'autant plus juste, qu'elle assure aux soldats la célérité des distributions et qu'elle l'empêche de réclamer ce qui est toujours préjudiciable au bien du service.
Il sera particulièrement chargé des états de décades et de quinzaine et tous les jours, ils devront être à huit heures chez le chef du corps pour que ce dernier fasse parvenir au Général, avant neuf heures du matin les situations et le rapport.
Le quartier-maître ne devra jamais apporter pour excuse la nonchalance des sergents-majors, il doit la punir et en rendre compte, la pardonner, c'est s‘en rendre coupable.
Un moyen sur de mettre les officiers dans le cas de faire servir, c'est de donner aux soldats en temps et en heures ce qui lui revient, en conséquence, tous les jours de prêt, le quartier-maître le fera depuis huit heures jusqu'à dix, pour que les soldats l'aient à l'appel de midi. Les sergents-majors qui manqueraient à l'heure indiquée, seraient punis de quatre jours d'arrêt et destitués en cas de récidive.
Si pour indemniser le soldat d'une distribution qui n'aurait pu lui être faite, on lui accordait une somme quelconque, alors le quartier-maître s'empresserait de la faire rentrer au soldat dans le plus bref délai, en un mot, il doit être dans une surveillance continuelle pour demander tout ce qui appartient à la troupe et lui faire donner en temps et heure.
Il ne doit jamais laisser passer un mois sans faire arrêter ses registres par le conseil d'administration ; cette exactitude avec de l'ordre, rend la comptabilité facile, sensible à tous les membres du conseil et assure au gouvernement l'économie qu'il est indispensable qu'il existe dans l'administration financière des corps. On doit observer ici que le quartier-maître étant responsable de toutes les distributions, il est des circonstances dans lesquelles il peut se faire remplacer, mais alors ce sera par l'adjudant-major, ainsi qu'il est dit à ce qui regarde cet officier dans cette instruction.
La place de commandant de bataillon, exige des connaissances et de la fermeté, sans cela il faudrait des hommes choisis pour que le bataillon fût bien discipliné, bien manœuvré et bien tenu. Le Chef étant la cheville ouvrière du bataillon ; si elle est bonne et bien régulée, le bataillon sera bon et ira bien. On doit donc apporter un soin infini à choisir un bon chef, il y va de l'intérêt du soldat comme de celui de la République et dans ce cas, les nominations à l'ancienneté n sont pas celles qui conviennent ; mais bien celles aux choix ou qui appartiennent à la Convention, ces dernières seraient même préférables ; si à la commission des armées de terre et de mer, il existait un comité d'hommes instruits, qui examinerait scrupuleusement les hommes qui seraient proposés pour être commandants, car le temps est passé où la faveur pouvait mettre un homme en place ; les talents et les vertus sont les seules qualités qui doivent parler en sa faveur.
Les qualités d'un commandant sont l'expérience dans le métier des armes, la justice dans sa conduite avec ses subordonnés, son application à la connaissance des lois, une attention continuelle à faire exécuter aux officiers les ordres qui sont donnés. De les exécuter lui-même et de punir selon la loi toutes les indifférences ou négligences à cet égard ; car l'inexécution d'une loi ou d'un ordre, est une véritable trahison.
Un chef est responsable à son chef de brigade de la tenue des soldats, de l'instruction de son bataillon, de celle des officiers et sous-officiers – il doit au moins deux fois par mois assembler les officiers pour l'école de théorie dans laquelle il doit toujours autant qu'il lui sera possible, joindre l'exemple aux principes. L'instruction des officiers et d‘un bataillon entier dépend donc du chef, la police en dépend aussi, car comme le bataillon ne sera pas ignorant si le chef est instruit, de même la police sera exactement observée, si le chef a des mœurs et de la conduite.
La police d'un corps consiste :
1. A empêcher le plus possible le jeu, l'ivresse,
2. A faire respecter les propriétés et les individus et la hiérarchie des grades,
3. A visiter souvent les compagnies de son bataillon.
4. A surveiller tout ce qui pourrait tendre à la subversion de l'ordre et des principes républicains.
Cette tâche remplie, le chef d'un bataillon n'a qu'à demi satisfait à ses obligations et il en a d'importantes à remplir alors qu'il est à l'ennemi ou de service.
le chef doit d'abord être brave, mais sans témérité, il doit mettre dans toutes ses actions beaucoup de sang-froid, voir le danger sans le craindre, aviser au moyens d'y remédier sans que le soldat puisse s‘apercevoir qu'il en a couru ; enfin, il doit regarder la vie des hommes qui lui sont confiés, comme un dépôt sacré dont il doit être avare et qu'il ne doit prodiguer que lorsqu'il s'agit de l'honneur et de l'intérêt de la République.
Beaucoup de chefs n'ont point, alors qu'ils sont à l'ennemi, toute la présence d'esprit qu'il convient qu'ils aient dans ces circonstances ; les uns, parce qu'ils sont trop soldats et qu'ils pensent plus à se battre qu'à faire battre ceux qu'ils commandent ; les autres ; parce que n'ayant pas de moyens pour remédier à un danger, en le craignant, ils y tombent. Enfin las autres parce qu'ils ne peuvent montrer à leurs soldats cet air de sérénité qui est le principe de la confiance que tous les français ont l'habitude d'avoir dans leurs chefs.
Un chef ne saurait trop s'observer à l'armée, comme un rien donne de la confiance, un rien la retire, et alors qu'il l'a perdue, il n'a plus de droit au succès et c'est un bien que de se retirer de cet emploi pour le faire passer à un autre, s'il en est susceptible.
D'après tout ce que je viens de dire en somme des obligations d'un chef de bataillon, on ne doit pas croire qu'il soit impossible de réunir touts les qualités dont je viens de parler, non, on peut se les procurer tous par la lecture des auteurs qui ont travaillé avec succès dans le métier des armes, par la lecture des ordonnances et lois relatives aux militaires, par l'étude de la Géographie et des mathématiques, enfin par l'expérience qu'on ne peut acquérir dans deux ou trois ans.
On ne saurait ici citer aucun exemple ni indiquer des moyens, les circonstances qui sont favorables, ou qui doivent les indiquer au chef, qui, comme on l'a dit plus haut, doit avoir le sang froid nécessaire pour sortir avec honneur et le moins de perte d'homme d'un danger quelconque.
Les obligations du chef de brigade sont par rapport à trois bataillons, les mêmes que celles du chef de bataillon par rapport au sien, il doit les voir le plus souvent possible, mais au moins toutes les Décades. Il doit être continuellement an relation avec les chefs de bataillon, afin que rien ne puisse échapper à sa surveillance. Enfin, s'il a été un bon chef de Bataillon, il sera bon chef de demi-brigade.
A l'armée souvent il remplace le Général de Brigade, et c'est alors qu'il doit redoubler d'attention pour l'exactitude du service qui, négligé, compromettrait par sa faute les intérêts de la République, et la vie des hommes qu'il commande.
Le chef de demi-brigade rend au Général de Brigade les comptes qui lui sont rendus par les chefs de bataillon, il doit avoir l'attention de ne jamais oublier la tenue de sa demi-brigade, par rapport à l'habillement, équipement, armement et particulièrement la chaussure et en économisant beaucoup- Il ne doit jamais souffrir que les soldats soient pieds nus.
Enfin, on peut dire ici que le grade de chef de demi-brigade est celui dans lequel un officier supérieur achève son instruction pour devenir Général ; ainsi les Généraux qui sont intéressés à n'avoir parmi eux que des hommes instruits, doivent s‘attacher pour instruire, non seulement, ceux des Chefs qui ont l'envie de s'instruire, mais particulièrement les Chefs de demi-brigade avec lesquels ils ont une relation plus particulière et directe.
Je me bornerai pour cet instant à ne traiter que jusqu'au grade de Chef de demi-brigade et ne négligerai aucun des instants que j'aurai dans le quartier d'hiver pour rectifier mes idées par rapport à ce que je viens d'écrire et me rendre par là, s'il est possible, utile à mes camarades ainsi qu'à la prospérité des armes de la République.
GuyardJe remercie Nicolas Salvetat qui a corrigé la transcription.
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