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Le maniement du drapeau et de l'aigle.

L'ordonnance de 1766.

Une "Ordonnance du roi du premier janvier 1766, pour régler l'exercice de l'infanterie" donna des instructions étendues sur le maniement du drapeau. Ci-après le texte:

Titre II.

Article 4.
Du maniement du Drapeau.

Lorsque les Porte-drapeaux seront sous ses armes en parade, et qu'ils devront porter le drapeau; ils le porteront en en appuyant le talon sur la hanche droite, le tenant un peu de biais, la lance en avant, la main droite placée à un pied & demi [48,7 cm] au-dessus de l'extrémité du talon, le coude collé contre le corps, la main gauche pendante derrière l'épée.

Pour se reposer sur le Drapeau.

On l'exécutera en trois temps.

Au premier, en détachant le drapeau de la hanche droite, on le portera perpendiculaire devant soi, en le saisissant de la main gauche à un demi pied [16,2 cm] au dessus de la droite.

Au second, on lâchera le drapeau de la main droite pour l'abaisser de la gauche & le porter toujours à plomb vis-à-vis le genou droit, & on le saisira avec la main droite à hauteur du menton, le talon à quatre doigts de terre, les deux épaules également avancées.

Au troisième, on lâchera le drapeau de la main gauche pour en poser vivement le talon à terre à côté de la pointe du pied droit, observant de lever le pied droit en même-temps que le drapeau arrivera à terre, & de le placer aussi-tôt, en frappant, contre terre, & dans cette position la main droite empoignera le drapeau à la hauteur de l'épaule, & la main gauche tombera pendante le long de la cuisse.

[Plus bas dans le texte de l'ordonnance:] Dans les haltes un peu longues [...] on plantera les drapeaux en terre, & on y posera une Sentinelle pour les garder.

Pour porter ensuite le Drapeau.

On l'exécutera en trois temps.

Au premier, on élèvera le drapeau de la main droite, en le rapprochant du corps à-plomb, & la main gauche le saisira à un pied [32,5 cm] au-dessous de la droite.

Au second, on lâchera le drapeau de la main droite, pour le ramener avec la gauche à-plomb devant soi entre les deux yeux & l'y saisir avec la main droite à un pied & demi [48,7 cm] au-dessus du talon, la main gauche à hauteur du menton.

Au troisième, on le placera sur la hanche droite dans la situation prescrite pour le porter, & la main gauche tombera pendante.

Pour porter le Drapeau sur l'épaule gauche.

On l'exécutera en trois temps.

Au premier, on portera brusquement de la main droite le drapeau à-plomb devant soi entre les deux yeux, pour l'y saisir au talon avec la main gauche à hauteur du ceinturon.

Au second, on placera avec les deux mains le drapeau sur l'épaule gauche, de manière que le talon soit à hauteur des crosses des fusils de la troupe, que la lance ne s'éloigne ou ne s'approche pas trop de la tête, le coude gauche serré contre le corps, sans être gêné, le talon du drapeau dans la main gauche, la lance en arrière.

Au troisième, on laissera tomber la main droite pendante sur la cuisse.

[Plus bas dans le texte de l'ordonnance:] Lorsque les Soldats porteront l'arme au bras, les Porte-drapeaux porteront leurs drapeaux sur l'épaule gauche.

Pour porter le Drapeau après l'avoir porté sur l'épaule gauche.

On l'exécutera en trois temps.

Au premier, on portera la main droite à un pied & demi [48,7 cm] au-dessus du talon du drapeau, sans le mouvoir.

Au second, en ramenant avec la main droite le drapeau à-plomb devant soi, on le saisira de la main gauche à hauteur du menton.

Au troisième, on placera le drapeau sur la hanche droite, & la main gauche tombera pendante.

Pour saluer du Drapeau en le portant, soit de pied-ferme, soit en marchant.

On le fera en six temps.

Au premier, on fera un à droite sur le talon gauche, en portant le drapeau perpendiculairement devant soi & l'empoignant de la main gauche à un demi-pied [16,2 cm] au-dessous de la droite.

Au second, on le saisira au talon avec la main droite.

Au troisième, on baissera la lance [l'instruction de 1774 y ajoute: "à six pouces" = 16,2 cm] contre terre, en laissant glisser la main gauche à environ deux pieds [65 cm] de la droite, qui sera à hauteur de l'épaule; les bras seront tendus.

Au quatrième, on replacera le drapeau perpendiculairement devant soi, en rapprochant la main gauche à un pied [32,5 cm] de la droite.

Au cinquième, la main droite empoignera le drapeau à un demi-pied [16,2 cm] au-dessus de la gauche.

Au sixième, on fera face en tête en appuyant le talon contre la hanche, & la main gauche tombera pendante.

Lorsqu'on fera ce salut en marchant, on observera de ne commencer le premier temps que lorsqu'on sera à trois pas de la personne qu'on devra saluer, en exécutant le premier temps au premier pas qu sera le pied gauche, le deuxième temps au deuxième pas qui sera le premier du pied droit, & ainsi de suite.

L'ordonnance de 1776.

Une "Ordonnance du roi du premier juin 1776, pour régler l'exercice des troupes d'infanterie" simplifia le maniement du drapeau. Un "Supplément" à cette ordonnance, du 14 décembre 1776, ne changea rien pour les porte-drapeaux. Il y a une réédition de cette ordonnance qui parut à Paris en 1790, après qu'elle avait été "adoptée par le comité militaire et M. le commandant général, pour le service de la Garde nationale". Une "Instruction pour les Gardes Nationales" du 1er janvier 1791, "arrêté par le Comité Militaire et imprimé par ordre de l'Assemblée Nationale", ne parle point du maniement du drapeau.

Ce maniement simplifié se trouve déjà dans l'article 6 du titre II de deux règlements, chacun intitulé "Instruction que le Roi a fait expédier pour régler provisoirement l'exercice de ses troupes d'infanterie", datant du 11 juin 1774 et du 30 mai 1775. Ils diffèrent seulement en ce qu'ils reprennent les détails donnés dans l'ordonnance de 1766 pour le six temps du salut du drapeau.

Voici le texte de l'ordonnance du 1er juin 1776:

Titre II.

Article 4.
Maniement du Drapeau.

Lorsque les Porte-drapeaux seront sous les armes en parade, et qu'ils devront porter le drapeau; ils le porteront en en appuyant le talon sur la hanche droite le tenant un peu de biais, la lance en avant, la main droite placée à un pied et demi [48,7 cm] au-dessus de l'extrémité du talon, la main gauche pendante derrière l'épée.

Reposez-vous — sur vos armes.

En un temps et deux mouvements.

Premier mouvement. Détacher le drapeau de la hanche droite, le porter perpendiculairement devant soi, le saisir de la main gauche à un demi-pied [16,2 cm] au-dessus de la main droite, lâcher en même temps le drapeau de la main droite, pour l'abaisser de la gauche, et le porter à plomb à côté de la pointe du pied droit, le saisir aussitôt de la main droite à hauteur du teton, le talon à trois pouces [8,1 cm] de terre, la main gauche tombant en même temps derrière l'épée.

Second mouvement. Laisser glisser le drapeau, le talon à côté de la pointe du pied droit, la main droite contenant toujours le drapeau à hauteur du teton, le coude au corps.

Portez — vos armes.

En un temps et deux mouvements.

Premier mouvement. Élever le drapeau de la main droite à hauteur du menton, le saisir de la main gauche à hauteur du dernier bouton de la veste, l'élever aussitôt de cette main à hauteur du menton, et descendre la main droite pour le saisir à hauteur du dernier bouton de la veste, le drapeau d'à plomb.

Second mouvement. Le placer sur la hanche droite dans la position prescrite pour le porter, la main gauche pendante derrière l'épée.

Pour saluer du Drapeau en le portant, soit de pied ferme, soit en marchant.

La personne qu'on devra saluer étant éloigné de six pas, baisser doucement la lance jusqu'à six pouces [16,2 cm] de terre, en restant face en tête, sans que le talon du drapeau quitte la hanche; relever doucement la lance lorsque la personne qu'on aura saluée sera dépassée de deux pas.

Le règlement de 1791.

Le "Règlement concernant l'exercice et les manœuvres de l'infanterie", du 1er août 1791, reduisa l'instruction sur le maniement du drapeau au salut du drapeau. Une "Instruction provisoire concernant l'exercice et les manœuvres de l'infanterie", du 20 mai 1788, était identique avec ce règlement de 1791.

Voici le texte du règlement du 1er août 1791:

Salut du Drapeau.

Dans le rang, les porte-drapeaux porteront toujours le drapeau, le talon à la hanche droite, soit de pied ferme, soit en marchant; et lorsque les drapeaux devront rendre des honneurs, les porte-drapeaux salueront de la manière suivante:

La personne qu'on devra saluer étant éloigné de six pas, baisser doucement la lance jusqu'à six pouces [16,2 cm] de terre, en restant face en tête, sans que le talon du drapeau quitte la hanche; relever doucement la lance lorsque la personne qu'on aura saluée sera dépassée de deux pas.

Dans les éditions de 1808 et 1813 de son "Manuel d'Infanterie" Bardin reprend le texte du règlement de 1791, et y ajoute le texte de l'ordonnance de 1776 pour décrire l'exécutions des commandements de Reposez-vous — sur vos armes et Portez — vos armes. En plus, il remarque:

Titre III. Devoirs
Troisième leçon. Devoir du porte-enseigne.

Manière de porter le drapeau.

[...] Toutes les fois qu'un bataillon rend les honneurs, on porte le drapeau à l'épaule droite, le bras droit alongé, le talon dans la main droite.

Une "Instruction sur l'exercice. les manœuvres et le service intérieur des postes, à l'usage de la Garde Nationale", qui parut à Paris en 1815, est, en ce qui concerne le maniement du drapeau, identique du contenu avec le manuel de Bardin.

L'ordre général de 1805.

Pierre Charrié donne sur la page 194 de son livre "Drapeaux et Étendards de la Révolution et de l'Empire." (Paris 1982) un très court extrait d'un "rapport" de Berthier du 13 juillet 1805. Si ce n'est pas d'un erreur de Charrié, il paraît qu'il s'agit d'une proposition dans ce rapport:

... l'aigle doit avoir une position un peu inclinée en arrière. Au salut, le drapeau ne s'incline en avant que de 45° environ ...

Ce rapport resulta dans un ordre général du même jour: le 24 messidor an XIII [13  juillet 1805]:

Ordre général.

Au quartier-général à Boulogne, le 24 Messidor an 13.

ORDRE du Ministre de la guerre.

Le ministre de la guerre dans les revues qu'il a passées des différens corps, a remarqué que dans quelques-uns, on s'est écarté des lois et reglemens militaires.

[...] Le port et le salut des drapeaux ne se font point d'une manière convenable.

En conséquence le Ministre de la guerre ordonne que les Commandants en chef des corps d'armée, les Commandans des divisions militaires, les Inspecteurs généraux, et les Inspecteurs d'armes, reverront avec attention les lois et réglemens, et tiendront la main à ce qu'aucun militaire à leurs ordres ne s'en écarte.

[...] Le drapeau portant l'aigle impériale ne doit point être porté dans une position tout-à-fait verticale, mais un peu inclinée en arrière. Quand le porte-drapeau salue, le drapeau, ne s'incline en avant que d'environ qurante-cinq degrés.

Les Généraux commandant en chef les armées, les Généraux commandant les divisions militaires, rendront compte au Ministre de la guerre, le 1er fructidor prochain [19 août 1805], de l'exécution des présentes dispositions.

Le Ministre de le Guerre Mal. BERTHIER.

Dans les éditions de 1808 et 1813 de son "Manuel d'Infanterie" Bardin se réfère à cet ordre du jour. Le texte varie un peu dans les deux éditions. Dans l'édition de 1813, il donne une explication de l'abaissement de quarante-cinq degrés qui ne semble pas correcte. Pourtant, peut-étre elle reflecte un ordre posterieur à 1808. Ou, peut-être, il veut dire que le coin inférieur du drapeau touche une ligne horizontale imaginaire au niveau des yeux du porte-aigle.

Titre III. Devoirs
Troisième leçon. Devoir du porte-enseigne.

272. — Différences ordonnées à cet égard. [savoir: la manière de porter le drapeau]

Telle est la manière qui a été usitée jusqu'à l'instant où Sa Majesté a delivré de nouveaux drapeaux qui se sont trouvés plus lourds que les anciens [nota: "L'ancien drapeau, plié, pesoit moins de cinq livres. Les drapeaux donnés des mains de Sa Majesté, à l'époque du couronnement, pesoient plus de 3 kilogrammes (7 livres)."], ce qui a rendu ce salut impossible. Ce fut l'occasion d'un ordre du jour de l'armée de Boulogne, publié par le major-général, lequel ordre a prescrit aux porte-drapeaux de rendre dorénavant les honneurs que n'abaissant la hampe qu'à quarante-cinq degrés, c'est-à-dire, en n'abaissant le drapeau que sur une ligne horizontale. [1808: en n'éloignant la main droite de l'épaule droite qu'à la distance de trente-trois centimètres (un pied)].

Remerciements.

Je remercie Bernard Coppens, Martin Lancaster et Jakub Samek pour des sources primaires et des discussions intéressantes.



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