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Le feu de chaussée.


La description ci-après se trouve dans l'Instruction concernant les Manœuvres de l'Infanterie, donné par l'Inspecteur général de l'Infanterie de l'armée du Rhin, publiée à Strasbourg, an VIII [1799/1800]. Il y en avait plusieures re-éditions postérieures, la dernière que je connais date de 1817. Son auteur était le général Schauenbourg.

F. P. Lelouterel, "ancien capitaine adjudant-major et maintenant trésorier du 46e régiment d'infanterie de ligne", publia en 1825 à Paris le Manuel encyclopédique et alphabétique de l'officier d'infanterie. Il y reprenait (pp. 187-189; nos. 1764-1778) les manœuvres de l'instruction de Schauenbourg sur le feu de chaussée, mais avec quelques petites modifications, que j'ai notées dans le texte ci-dessous.

Feu de chaussée par pelotons en avançant.

La troupe étant en colonne par pelotons et à distance entière, on la mettra au pas ordinaire. Le chef [Lelouterel: le commandant en chef] commandera:

1. Feu de peloton en avançant,
2. Commencez le feu.

[Lelouterel: Le bataillon de tête exécutera seul ce feu, jusqu'à ce que le commandant en chef en ordonne autrement; le chef de ce bataillon répétera vivement les deux comandemens ci-dessus.]

Au premier commandement, tous les chefs de pelotons du bataillon qui devra exécuter ce feu, se porteront derrière le centre de leurs pelotons respectifs. Au deuxième commandement, le chef du peloton de la tête commandera sur-le-champ:

1. Pas de route, [Lelouterel: Pas accéleré,]
2. Marche.

Il fera accélérer le pas autant qu'il le pourra; portera son peloton à seize pas en avant, observant de faire le commandement d'avertissement, peloton, au douzième pas, afin de faire celui de halte, au seizième , sans surprendre sa troupe. Le reste de la colonne continuera d'avancer au pas ordinaire.

Immédiatement après le commandement de halte, le chef du peloton de la tête commandera:

1. Premier peloton,
2. Armes,
3. Joue,
4. Feu,
5. Portez – armes.

Au dernier commandement, le premier rang se relevera vivement, et les trois rangs porteront leurs armes, sans les charger, sans fermer le bassinet et sans relever le chien.

Le chef de peloton commandera de suite:

1. À droite et à gauche,
2. Marche.

La section impaire se portera trois pas en avant du flanc droit, et tournera par files à droite. Le sous-officier de remplacement la conduira le long du flanc droit de la colonne; arrivé à hauteur de la dernière subdivision, il fera rapidement face à la queue de la colonne, et se portera derrière le flanc droit de la dernière subdivision. La section se formera par files sur la droite en bataille, en passant derrière lui.

La section paire se portera trois pas en avant du flanc gauche, et tournera par files à gauche, conduite par le guide de gauche [Lelouterel: elle sera conduite par son chef]. Elle longera le flanc gauche de la colonne; à la hauteur de la dernière subdivision, le guide de gauche se portera, faisant face à la queue de la colonne, derrière la gauche du dernier peloton, et la section se formera par files sur la gauche en bataille, en passant derrière lui.

Les sous-officiers guides des sections serreront, autant qu'ils pourront, le peloton précédent. Aussitôt que les sections seront entrées en ligne, on fera charger les armes en marchant, et reprendre la distance.

Ces mouvemens seront répétés successivement par tous les pelotons du bataillon de la tête de la colonne.[Lelouterel: Chaque chef de peloton fera les commandemens pour se porter à seize pas en avant, aussitôt que le peloton qui le précède aura exécuté son feu.]

Si une attaque meurtrière exigeait qu'on relevât le bataillon de la tête, on lui donnerait l'ordre de se former successivement à la queue du second bataillon [Lelouterel, par erreur: à la gauche du deuxième bataillon].

Feu de chaussée par pelotons en retraite.

On [Lelouterel: le commandant en chef] arrêtera la colonne, soit à distance entière ou en masse [Lelouterel: supposée par pelotons à distance entière]; le chef de bataillon commandera:

1. Feu de peloton en retraite,
2. Commencez le feu.

[Lelouterel: Ces deux commandemens seront vivement répétés par le chef du bataillon de la tête.]

Les chefs de peloton observeront la même chose que dans le feu en avançant. Celui du premier fera les mêmes commandemens que dans le mouvement précédent, excepté qu'il ne portera pas son peloton en avant, qu'il le fera former derrière le dernier peloton de son bataillon à la distance qu'ont entre eux les pelotons précédens, et qu'il fera charger les armes de pied ferme. Les autres pelotons feront leur feu dès qu'ils seront démasqués.

Ce feu, ainsi que le précédent, ne doit s'exécuter que de la tête à la queue d'un bataillon. On [Lelouterel: le commandant en chef] fera faire demi-tour à droite au reste de la colonne, pour la porter en arrière de la profondeur d'un bataillon; et on lui fera répéter ce mouvement autant de fois que le bataillon de la tête aura coulé son feu à fond.

Si l'on [Lelouterel: le commandant en chef] veut faire relever le bataillon de la tête, qui soutient la retraite, on lui en donnera l'ordre, et on lui fera place entre le bataillon qui doit le relever, et les autres bataillons de la colonne, qui, à cet effet, feront demi-tour à droite. Les sections du bataillon de la tête longeront les flancs du deuxième bataillon, pour se former derrière lui.

Observations.

Les feux de chaussée en avançant et en retraite peuvent aussi être exécutés par divisions. On substituera le commandement de division à celui de peloton, et chaque peloton exécutera les mouvemens qui viennent d'être prescrits pour une section.

Ce feu fut introduit par l'Ordonnance du Roi pour régler l'exercice de l'infanterie, du 20 mars 1764 (pp. 259-262):

Lorsque le Comandant voudra exercer le bataillon au fau de chaussée, il commencera par le faire rompre par section, peloton ou quart de rang, suivant la largeur du terrein par lequel il devra passer, en observant qu'il reste au moins trois pas de vuide de chaque côté de la chaussée. Lorsqu'ensuite il ordonnera de commencer le feu, le Commandant de la première division qui aura la tête de la colonne, lui fera les commandemens suivans:

1. Haut les armes.
2. Apprêtez vos armes.
3. En joue.
4. Feu.
5. À droite & à gauche, un quart de conversion.
6. Marche.

Au sixiéme commandement, la division se partagera en deux parties; si l'on suppose qu'elle ne soit composée que d'un peloton, la section de la droite fera un quart conversion à droite, & la section de la gauche en fera un à gauche, & dès qu'elles auront fini leur quart de conversion, elles marcheront trois pas devant elles, pour déborder le front de la division suivante, puis faisant à droite & à gauche, elles longeront le long des flancs de la colonne pour en prendre la queue & s'y rejoindre en faisant d'abord à droite & à gauche, pour s'y faire face mutuellement, puis un pas en avant & un quart de conversion pour se réunir, en faisant face vers la queue de la colonne, & ensuite demi-tour à droite pour se remettre face en tête.

Les autres divisions répéteront successivement la même manœuvre.

Dans l'Encyclopédie Méthodique. Art Militaire., paru à Paris et Liège entre 1784 et 1787, il se trouve (tome 2, p. 352) le raisonnement suivant:

Observations sur le feu de chaussée.

Le feu de chaussée, tel que nous venons de le décrire, eût été bon si l'on n'avait pas obligé le soldat de mettre genou à terre; si l'on n'avait fait feu que de deux rangs; si l'on n'avait pas été forcé de laisser vuide un espace de douze pieds, & surtout si, dans la circonstance prévue par l'ordonnance, l'arme blanche n'eût été préférable au feu; l'instruction de 1776 a donc eu raison de négliger le feu de chaussée.

Bardin, dans son Dictionnaire de l'armée de terre (p. 2284), est aussi un critique de ce feu:

Ce feu a été peu pratiqué dans les guerres anciennes; car il avait été imaginé dans l'hypothèse qu'une colonne se prolongeant le long d'une route, y recontrait inopinément l'ennemi: or, depuis l'usage des troupes légères et depuis que le service d'avant-garde est devenu une science, cette rencontre n'est guère fréquente. Ce feu a été aboli par l'ordonnance de 1776 (1er juin); sa complication pouvait entrainer une déroute sans remède.

Sur l'autre côté, le général Le Couturier dans son Dictionnaire portatif et raisonné des connaissances militaires, paru à Paris en 1825, trouve des avantages dans cette manœuvre:

Le feu de chaussée est excellent pour protéger une retraite: il est bon aussi pour gagner du terrain dans une ville ou dans un pays coupé par des canaux, ou par des bouquets de bois.



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