Revues.


L'ordre suivant est reproduit (vol. 1, pp. 223-225) dans d'un livre par Eugène Titeux: Le Général Dupont. Une erreur historique, publié en 1903 à Puteaux-sur-Seine.

Au Quartier Général de Montreuil, le 29 messidor an XIII (18 juillet 1805).

Le Général Chef de l'État-Major Général,
A Monsieur le Général Dupont, Commt. la 1re Division.

Le Maréchal Commandant en chef, Monsieur le Général, ayant remarqué pendant la revue de S. E. le Ministre de la guerre, les 26 et 27 du mois, le peu d'uniformité qui règne dans les divisions de l'armée relativement à la tenue de la troupe et les objets de détail y relatifs:

Ordonne les dispositions suivantes:

Art. 1er. Lorsque les compagnies borderont la haie pour passer la revue de l'effectif, les hommes seront placés par rang d'ancienneté et Messieurs les officiers à la droite: aussitôt que le Général de Division ou le Maréchal commandant en chef s'y présenteront, les officiers salueront ensemble de l'épée et la reporteront vivement à l'épaule. Le capitaine présentera le contrôle de la main gauche; si l'appel doit se faire, les officiers, sous-officiers et soldats nommés, s'ils sont présents sous les armes, répondront à haute voix: Présent. Le capitaine répondra pour les absents et fera connaître les motifs de leur absence. Après l'appel des officiers, le sous-lieutenant se portera à la gauche de sa compagnie en passant derrière le front et aura l'œil à ce que personne ne quitte son rang. Le capitaine et le sergent-major derrière le front de la compagnie et à la hauteur de la personne qui passe la revue, afin de répondre à toutes les questions qui pourraient leur être faites.

Le Colonel accompagné du Chirurgien-Major suivra sur le front de la compagnie. Le chef de bataillon, l'adjudant-major et l'adjudant sous-officier suivront également le Général sur le front des compagnies de leur Bataillon respectif.

Art. 2. La récapitulation du contrôle devra faire la distinction et porter le nombre d'officiers, sous-officiers, tambours, fifres, et enfin de grenadiers, carabiniers, voltigeurs, fusiliers ou chasseurs.

Art. 3. Lorsque les musiciens, tambours, cors des voltigeurs, fifres et sapeurs seront sous les armes, ils passeront le mousqueton au dos et mettront la baïonnette au canon:
1° le musicien tiendra son instrument à la main;
2° le tambour aura sa caisse prête à battre;
3° les voltigeurs porteront leurs cors sous le bras gauche;
4° les fifres se porteront à la main droite;
5° les sapeurs porteront la hache à l'épaule droite, le tranchant en avant.

Art. 4. Tous les sous-officiers et soldats présents à la revue ne pourront, sous quelque prétexte que ce soit ni considération de légère indisposition, se dispenser d'avoir avec eux, outre le fusil avec sa bretelle, le reste de leur armement complet et toutes les parties de l'habillement, équipement et effets de linge et chaussure dont ils doivent être munis pour entrer en campagne.

Art. 5. Il ne devra jamais y avoir plus d'un musicien par compagnie, non plus qu'un sapeur; ces derniers devront être pourvus de haches bien trempées et en bon état de service.

Art. 6. Les aides-chirurgiens qui comptent dans les compagnies doivent être armés et avoir le sac au dos ainsi que les autres soldats.

Art. 7. Si la revue comprenait en même temps l'inspection et la visite de l'armement, équipement, habillement et effets de linge et chaussure, et que le Général ait manifesté le désir de voir les sacs, le capitaine de la compagnie se porterait sur le centre et en avant du front, et ferait exécuter la disposition ordonnée, par les commandements suivants: Garde à vous; peloton face en arrière; demi-tour à droite; reposez-vous sur les armes; vos armes à terre; demi-tour à droite; vos sacs à terre; - et il ajoutera ensuite à haute voix: Placez vos effets d'après le règlement et vos livrets à la main.

Art. 8. Les effets de linge et chaussure pendant l'inspection seront placés devant les hommes de la manière suivante:
1° le sac de toile;
2° la deuxième paire de souliers tournés la semelle en haut;
3° les guêtres grises, noires ou blanches;
4° les bas de fil et de laine;
5° les chemises et sur les deux côtés les mouchoirs de poche et les cols noirs et blancs;
6° le sac à peau aux pieds de l'homme, et dessus seront rangés les boucles, le tournevis, le tire-balles, deux pierres de rechange enveloppées de leur plomb laminé et dentelé, le sac à poudre, les brosses, le miroir, etc., etc.

Art. 9. Les livrets des soldats devront contenir le signalement de l'homme, son entrée au service, le décompte enregistré et arrêté trimestre par trimestre, chaque arrêté de compte étant signé du capitaine comme répondant, et du soldat comme ayant quittance. Toutes les parties de l'habillement, équipement, ellets de linge et chaussure et armement devront être inscrites sur ce même livret mois par mois; il ne devra jamais être rien porté sur ce livret à moins que l'homme ne l'ait réellement reçu.

Art. 10. Les épinglettes seront attachées à la 3e boutonnière du revers de l'habit et passant au-dessus de la buffleterie durant l'inspection.

Art. 11. Les bidons seront suspendus par une courroye en basane de 8 lignes de largeur, passant de l'épaule gauche au côté droit et placée en dessous de la buffleterie.

Art. 12. Chaque homme devra avoir une petite fiole soit de verre, soit de fer-blanc, placée dans sa giberne et renfermant de l'huile pour donner du jeu à la batterie de son fusil, plus un tire-balle et deux pierres de rechange placés dans la pochette sur le coffret de sa giberne.

Art. 13. L'armement, l'habillement, l'équipement et les effets de linge et chaussure de tous les hommes devront porter la lettre initiale de la compagnie et le n° de l'homme.

Art. 14. Tout officier, sous-officier et soldat qui aurait une réclamation à faire au général qui passerait la revue, si c'est un officier saluera de l'épée et en tiendra la pointe à terre lorsqu'il présentera la réclamation par écrit ou s'expliquera verbalement sur l'objet de sa demande; si c'est un sous-officier ou soldat, il doit présenter les armes et donner sa pétition de la main droite en s'expliquant verbalement sur l'objet de sa demande; si c'est un tambour il doit donner un coup de baguette.

Art. 15. Toutes les fois qu'une revue extraordinaire est ordonnée, l'inspection devra commencer:
1° par le sergent-major;
2° par le capitaine;
3° par le chef de bataillon pour son bataillon;
4° par le colonel pour chaque régiment;
5° par le général de brigade et enfin par le général de division.

Art. 16. Les généraux de division pour s'assurer si le tiers des paires de souliers prescrit par l'Empereur existe réellement dans les magasins du régiment, en feront faire la vérification et constater la vérité par qui de droit, tandis qu'ils tiendront le régiment sous les armes.

Veuillez, Monsieur le Général, donner connaissance des dispositions ci-dessus à chacun des Généraux et Colonels employés sous vos ordres, et leur recommander de les exécuter ou faire exécuter chacun en ce qui le concerne.

J'ai l'honneur. Monsieur le Général, de vous saluer.

Pour le Général Chef de l'Etat-Major Général,
L'Adjudant commandant Sous-chef,
Signé: Mallerot.



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